Interview de Marie-Françoise LIPP, Responsable de la Mission Handicap à la ville de Fontenay-sous-Bois.
1. Vous êtes Responsable de la Mission Handicap à la ville de Fontenay, pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes parvenue à ce poste ?
En 2004 j’ai proposé à l’élue déléguée aux personnes handicapées un projet de création d’une Mission Handicap qui permettrait de rendre opérationnel les objectifs de la Loi de 2005 sur l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Il s’agit ici non pas d’accompagner les personnes handicapées d’un point de vue social mais plutôt d’accompagner les services municipaux et les acteurs du territoire à la prise en compte de celles-ci dans leur projet de services et de créer ainsi une dynamique inclusive quelque que soit la forme de handicap.
2. Était-ce un domaine qui vous intéressait initialement ?
Oui. J’intervenais dans ce domaine à titre bénévole dans une association de maladie rare. A ce titre j’ai participé à l’élaboration de la loi de 2005 en participant aux ateliers inter-associatifs organisés par l’Alliance Maladies Rares. Je souhaitais poursuivre cette action au sein d’une collectivité territoriale pour rendre opérationnelle ce projet sociétal.
3. En exerçant cette fonction, comment votre regard sur le handicap a-t-il évolué ?
J’essaye de partir des pratiques professionnelles des différents services pour les faire évoluer vers une prise en compte des publics qui n’ont pas encore accès aux différents services proposés à la population. Je suis toujours aussi déterminée à lutter contre les freins à la participation des personnes en situation de handicap. Je me souviens d’un livre que j’avais lu en 2004. « Sortir le handicap du champ social ». Il faut aménager l’environnement des personnes handicapées pour qu’elles aient un vrai projet de vie avec tous sans être compartimentées dans des lieux spécifiques. Les lieux et les services doivent s’adapter aux situations de handicap des personnes.
4. Quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit quand on vous parle de « handicap » ?
Ségrégation. Mise à l’écart.
5. Que pensez-vous de l’accessibilité en France ?
Elle évolue partout dans les services publics, les commerces franchisés, les lieux touristiques. Par contre pour les petits commerces et les professions libérales comme les médecins, l’accessibilité est loin d’être acquise. Beaucoup de dérogations sont accordées pour des raisons de viabilité économique. L’accessibilité du logement reste un point critique. Beaucoup de personnes handicapées ou âgées et devenues dépendantes sont « emmurées » dans leur logement.
Les Handicapades
Cela fait maintenant plusieurs années que vous organisez les Handicapades, un événement phare sur le handicap et l’accessibilité auprès des enfants de la ville avec notamment l’aide de Mobile en Ville.
6. Pouvez-vous nous expliquer comment est né ce projet et quel a été son évolution ?
C’était une volonté municipale. Il est important de sensibiliser le grand public pour pouvoir mener à bien le projet de l’inclusion des personnes handicapées. Cette question doit être partagée et ne doit pas reposer exclusivement sur les personnes concernées. Il faut rendre la réalité des situations vécues sensibles à tous pour amener le changement des comportements.
7. Pourquoi sensibiliser plus particulièrement les enfants ?
Les enfants sont l’avenir et peuvent sensibiliser à leur tour leurs parents. Il est plus difficile d’amener les adultes dans ce type de manifestations… mais avec quelques stratégies, on y arrive aussi.
8. Comment Mobile en Ville est venue « se greffer » à ce projet ?
Nous recherchions un partenaire ayant une maîtrise du sujet porté par des personnes handicapées et des personnes valides avec une dynamique inclusive.
Depuis quelques années, nous réalisons des parcours en ville qui permettent aux enfants d’appréhender concrètement la notion d’accessibilité au handicap moteur et visuel essentiellement. A côté de cela, nous leur faisons réaliser un parcours en fauteuil roulant manuel avec des modules simulant certaines contraintes urbaines (pente, dévers, revêtement difficile, etc.).
Nous intervenons avec en parallèle l’intervention de la Drôle de Compagnie, une troupe de théâtre qui réalise à cette occasion un parcours dans le noir avec les enfants et leur propose un échange avec une personne aveugle.
9. Comment souhaiteriez-vous réaliser les prochaines Handicapades ?
Nous aimons remettre en question nos habitudes et nous allons consulter les membres de la Commission Vie Citoyenne et Sociale des Personnes en Situation de Handicap pour connaitre leurs attentes. Nous allons aussi voir ce qui vient vers nous et profiter de dynamiques et de propositions de nos concitoyens.
10.Quels autres projets sur le handicap et l’accessibilité souhaiteriez-vous développer ?
En ce moment nous travaillons à un évènement avec la médiathèque sur la valorisation d’un fonds documentaires sur l’autisme : « Autisme ? Ressourcez-vous ». C’est le 3 décembre prochain.
11. Auriez-vous un message particulier à délivrer au tout public concernant le handicap ?
Ne pas avoir peur de partager les espaces publics avec les personnes handicapées. Faites leur de la place à vos côtés et soyez solidaires de leurs revendications.